Dards d\'Arts

"En avant toute ! " de Guy Forsbach

Petite critique aussi impartiale que possible de la plaquette écrite et éditée par mon ami Guy Forsbach : En avant toute ! 32 chroniques, en campagne avec Assita Kanko, Bruxelles, 2012.


Roland Dormans

 

« Mais que diable est-il allé faire en cette galère ? » me suis-je dit, lorsque Guy Forsbach me confia son nouveau projet. Pourquoi prendre en charge la première campagne électorale d’une jeune africaine tout à fait inconnue en politique ? Pourquoi investir une telle énergie, et gracieusement de surcroît, dans l’espoir de récolter quelques centaines de voix, avec pour seule perspective l’obtention d’un poste subalterne de conseillère au collège échevinal d’une petite commune bruxelloise ?

 

J’avais évidemment quelques embryons de réponse. Mon plus vieil ami ne m’avait jamais caché sa passion inconditionnelle pour le vaste continent de la féminité africaine et le fait qu’il n’ait pas cru bon m’envoyer une photo de la candidate m’avait immédiatement convaincu, et de son intelligence, et de sa beauté… Entendez-moi bien : a priori, ses deux qualités ne diminuaient en rien la sincérité et la force inébranlables de ses convictions politiques.

 

Fatum ou contingence, l’apprentie politicienne était inscrite au Mouvement Réformateur. Ce n’était pas pour déplaire à Guy, dont les tendances libérales ne m’étaient pas inconnues. Certes, il n’avait jamais possédé la carte du parti, mais la « faute » serait réparée sous peu… À l’instigation de sa nouvelle égérie ? Qui sait ? Je ne le nie pas, les péripéties de la campagne électorale dont Guy me rendait régulièrement compte suscitaient en moi quelques inquiétudes : cette passionaria n’allait-elle pas transformer son tout nouveau « directeur de campagne » en factotum, distributeur de tracts bénévole ?

 

Je me gardai bien de lui soumettre le cours inopportun et probablement inapproprié de mes questionnements. Après tout l’amour, le désir et la testostérone ne sont pas moteurs moins légitimes à l’action politique que le pouvoir et l’argent. Pour ma part, j’étais assez curieux d’évaluer l’efficacité d’une alliance, inédite chez lui, entre le romantique, le libéral libertin et le rationaliste darwinien… Comment cette paradoxale trinité qui gonflait et déchirait son cœur cinquantenaire se marierait-elle avec l’enthousiasme politique – et uniquement politique, je tiens à le souligner, d’une belle jeunesse africaine ?

 

L’été 2012 était à son apogée. Les élections étaient programmées le 14 octobre de la même année. Guy eut alors l’idée de rédiger un journal de campagne et me demanda de lire attentivement le premier jet de ses chroniques. Fallait-il qu’il eût confiance en moi, qui ne suis ni libéré, ni libérateur, et surtout pas libéral, pour soumettre à mon intransigeance critique les premières versions de son projet !

 

Les chroniques arrivaient dans le désordre, au compte-gouttes. Je ne corrigeais pas seulement les coquilles et les rares fautes d’orthographe ; je donnais mon avis sur la forme et quelques fois, avec les réserves d’usage, sur le contenu. Avec une humilité non feinte, et en dépit de nos irréductibles divergences d’opinions, Guy tenait presque toujours compte de mes suggestions.

 

Le 14 octobre 2012, Assita Kanko fut élue avec 355 voix de préférence. Malgré les doutes, les peurs et les critiques de la nouvelle conseillère communale et de son entourage, Guy, qui n’était pas pour rien dans cette petite victoire, mettait tranquillement la dernière main à sa plaquette et projetait de l'éditer à compte d’auteur, envers et contre tous. Dans le mois qui suivit, je pus enfin lire les 32 chroniques dans l’ordre et voir le projet finalisé sous une forme électronique. « En avant toute ! » Le titre collait avec la manière dont la campagne avait été menée, full speed ; en première de couverture, j’étais particulièrement touché par le message subliminal des deux « S » en miroir dans le prénom d’Assita Kanko, aussi fidèle aux intentions politiques de cette dernière qu’à la réalité pas toujours tendre vécue en cours de campagne par l’auteur de la plaquette. Le 16 février 2013, Guy m’offrit un exemplaire dédicacé de ses chroniques, lors d’une de ses visites à Liège, toujours propices à d’interminables débats systématiquement impuissants à résoudre nos innombrables désaccords…

 

Dès la première lecture, j’avais apprécié la vivacité, la sobriété et l’humour décalé des chroniques mais je n’avais pas sérieusement envisagé de commenter cette publication confidentielle sur mon blog, en principe strictement apolitique et exclusivement dédié à l’art. Il n’est pas impossible que ma première place à la rubrique « Remerciements » et le petit mot très élogieux que l’ami et l’auteur m’y a consacré aient joué un rôle dans ce revirement – je ne serais peut-être pas aussi insensible à la flatterie que je ne l’ai prétendu sur la page d’accueil de ce site ; néanmoins, j’aime à croire que seules la qualité stylistique de l’ouvrage et sa liberté de ton, comparées à une certaine littérature partisane de piètre facture, m’ont donné l’envie de partager un peu du plaisir ressenti à sa lecture…

 

Je vous en propose la première de couverture et quelques morceaux choisis :

 

 

 

 

 

 



12/03/2013
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