Dards d\'Arts

Censure sur la chaîne YT Scribe Accroupi...

Eustache Le Sueur (1616-1655)

Réunion d’amis (c. 1640)

ou

De la susceptibilité (voire de la malhonnêteté intellectuelle) de certaines « instances » relevant du prestigieux musée du Louvre

 

Roland Dormans

 

 

Eustache Lesueur 1616 1655 c.1640 Réunion d'amis.JPG

 

Ce 19 janvier 2023, j’ai posté un commentaire sous la vidéo de la chaîne Scribe Accroupi, dont voici le lien :

https://www.youtube.com/watch?v=EZiq5NHp9qU

 

Remarquable présentation. Merci Scribe Accroupi. À partir de 19:28, Nicolas Milovanovic commente le splendide tableau d'Eustache Le Sueur. Sa lecture se base pour l'essentiel sur la description de Guillet de Saint-Georges, dans sa conférence donnée à l'Académie en 1690.

À ce sujet, voyez la fiche du Louvre : la description du tableau par Guillet de Saint-Georges est pour le moins approximative.

https://collections.louvre.fr/en/ark:/53355/cl010066309

Jouez au jeu des erreurs... Je m'étonne fort que les différences entre la description de 1690 et le tableau actuellement visible au Louvre n'aient pas été remarquées, et plus encore que personne n'ait indiqué que la figure centrale se tenait dans la posture de la Mélancolie (tête appuyée sur le dos de la main droite et compas dans la main gauche). Voyez pour seule comparaison, la célèbre gravure de Dürer... Cette figure centrale dans la posture de la mélancolie ne pourrait-elle pas suggérer une relecture du tableau ?

Qu'en pensez-vous, Scribe Accroupi ?

 

Mon commentaire a été censuré, je l’ai reposté plusieurs fois, en vain évidemment. En voici une capture d’écran (après plusieurs tentatives de republication), où vous lirez également un bref commentaire demandant aux modérateurs de la chaîne de ne pas le bloquer, eu égard à son irréfutable factualité (démonstration ci-dessous).

 

Lesueur.JPG

 

 

Voici la capture d’écran après censure définitive de mon commentaire :

 

Lesueur 2.JPG

 

 

Le lendemain, le bref commentaire restant avait été effacé. Vous comprendrez aisément pourquoi je m'étais entretemps désabonné et pourquoi j'avais changé mon pouce levé en pouce baissé. Censure étonnante, sachant que je n'expose courtoisement que deux faits irréfutables. Certes, ni Nicolas Milovanovic, conservateur en chef du patrimoine au département des Peintures du Musée du Louvre, ni aucun de ses collaborateurs, ne les ont relevés... Est-il nécessaire d’ajouter que la lecture du tableau proposée  dans la vidéo s’en trouve sérieusement remise en question ?

 

Mais pourquoi les « modérateurs » de cette chaîne YouTube que je pensais indépendante de toute institution ont-ils censuré ? Peut-être, précisément parce que cette chaîne n’est pas indépendante : elle est une émanation directe du musée... du Louvre et plus largement des institutions muséales françaises, comme l’atteste sans équivoque, le blog attaché à la chaîne. 

 

Logique, je vous entends maintenant réclamer à grands cris les preuves de ces deux faits irréfutables. Les voici. Commençons par les différences entre la description de l’œuvre par Guillet de Saint-Georges et le tableau exposé.

Voici une capture d’écran d’une partie de la notice du tableau de Le Sueur sur le site du Louvre reprenant les termes exacts de la conférence donnée en 1690 par Guillet de Saint-Georges.

En gardant une reproduction du tableau sous les yeux, lisez attentivement la citation qui commence à la troisième ligne du paragraphe intitulé Commentaire :

 

Lesueur 3 fiche Louvre (2).JPG

 

 

Les différences sautent aux yeux. Pour seul exemple : Guillet de Saint-Georges décrit la figure de gauche comme un autoportrait du peintre, pinceau à la main. Sur le tableau, pas de pinceau, mais un album de dessins ouvert... Comme en témoigne une vue rapprochée de la figure :

 

 

Eustache Lesueur 1616 1655 c.1640 détail.JPG

 

 

Il y a d’autres différences flagrantes ; je les commenterai dans un prochain article plus approfondi.

Quant à la figure centrale, elle se présente sans aucun doute possible dans la posture de la Mélancolie (allégorie d’un des quatre tempéraments : sanguin, lymphatique, colérique, mélancolique, associés respectivement aux quatre fluides corporels, le sang, la lymphe, la bile jaune et la bile noire). Voici une double comparaison avec la célèbre gravure de Dürer (inversée, donc telle qu'elle a été gravée sur la plaque)  et une autre gravure signée VS monogramme de Virgile Solis. Les deux œuvres font référence écrite à la Mélancolie : Melancolicus (le tempérament) pour la seconde et Melencolia  (l'humeur) pour la première, de haut en bas ci-dessous).

 

melancholicus.JPG

Mélancolie Dürer (2).JPG

 Eustache Lesueur 1616 1655 c.1640 Réunion d'amis (2).JPG

                      

                                                       

Convaincus ?  Il semblerait bien que le conservateur en chef, si la modération l'a informé de mon commentaire, n’ait pas vraiment apprécié d’être doublé sur la ligne par un "sans-dents", modeste titulaire d’un « master » en histoire de l’art, délivré en la bonne ville de Liège, an de grâce 2011. Ou alors, ses affables et très dévoués collaborateurs, tenus par les couilles, pardon, par la tignasse, n’ont pas voulu, pas osé, pas pu...  

Ah ! ces grands enfants de scientifiques, si profondément dédiés à la recherche désintéressée et à la défense inconditionnelle de la vérité !

Cela dit, ce que j'ai mis en évidence se voit comme le nez au milieu de la figure... Alors, faut-il "croire" que les "instances" du Louvre omettent délibérément de donner au grand public les clés de lecture du tableau d'Eustache Le Sueur ??? Et, si oui, pour quelles "raisons" ?

 

Roland Dormans

20 janvier 2023

 

Complément d'informations : la "véritable" raison de cette censure ?

 

En juillet 2024, j'ai revu dans son entièreté la vidéo publiée par la chaîne YouTube Scribe Accroupi (cf. lien supra). Première d'une série de quatre consacrée à la peinture française du XVIIème siècle, elle s'intitule Peintres français à Rome. Sauf qu'Eustache Lesueur n'a jamais travaillé à Rome, mais ceci est hors sujet. Avant la présentation de l'œuvre d'Eustache Lesueur, à partir de 14'25", Nicolas Milovanovic commente un tableau de Valentin de Boulogne, Le concert au bas relief (1624-26) :

 

Capture d'écran 2024-08-14 155432.png

 

Cette œuvre de Valentin de Boulogne a plusieurs points en commun avec celle d'Eustache Lesueur. Le plus significatif pour le problème qui nous occupe est le nombre de figures (7) avec une figure centrale attablée dans la posture de la mélancolie, ici un enfant, sans compas, certes, mais qui a abandonné la lecture de son cahier de chant, à l'instar du personnage qui détourne son regard du carnet de dessins dans le tableau de Lesueur...

Comme dans sa description du tableau d'Eustache Lesueur, monsieur Milovanovic ne désigne pas explicitement la figure centrale comme une allégorie de la mélancolie. Il souligne le "réalisme caravagesque" de Valentin de Boulogne, peintre d'une "scène de genre", de "taverne" ou de "boisson", mais omet systématiquement de relever les détails qui pourraient nuancer, voire contredire sa lecture naturaliste. Ainsi, ne s'étonne-t-il pas le moins du monde de la présence d'une volumineuse pierre cubique à la place d'un simple tréteau de bois tel qu'on en voit ordinairement dans les tavernes... Il ne s'arrête pas plus au seul couteau posé en équilibre au bord de cette curieuse table improvisée, où trône une tourte éventrée... et ne s'interroge pas une seconde sur le sujet du relief antique dont on ne voit qu'un homme torse dénudé donnant une vigoureuse poignée de main à une figure invisible masquée par l'homme à la cuirasse.

À la fin de sa présentation, monsieur Milovanovic nous décrit la mort précoce du peintre :"Pourquoi? parce qu'une vie de taverne, [...] avec des fêtes quasi-quotidiennes, ça use" nous dit-il avec un large geste du bras droit en direction du tableau et il conclut par quelques mots sur la touche du peintre, "son caravagisme, mais avec une sorte de mélancolie, de poésie... " Et au moment même (à 17'10") où il entame la phrase qui contient le mot "mélancolie", commence un zoom sur la figure centrale de l'enfant attablé (le plan s'achève à 17'25").

En revoyant ce plan, j'ai immédiatement compris que Nicolas Milovanovic et le réalisateur de la vidéo savaient parfaitement que les figures centrales des deux tableaux analysés à la suite l'un de l'autre en fin de vidéo étaient allégories de la mélancolie. Mais ils avaient volontairement omis de le préciser et avaient été jusqu'à censurer mon commentaire... Mais quelle était la raison de ces pudeurs de pucelle, de ces jeux de piste tordus, de ses cache-cache puérils, qui de surcroît s'arrogeaient le droit de rhabiller la Vérité toute nue ? D'autant que pour ce tableau de Valentin de Boulogne, dans une  conférence donnée à l’institut de France le 20 juillet 2022, Annick Lemoine, docteur en histoire de l'art et actuellement directrice du musée du Petit Palais à Paris, lit sans hésitation une allégorie de la mélancolie dans la figure centrale de l'enfant, tête appuyée sur le dos de la main droite. "Chaque musicien," nous dit-elle, "est une déclinaison de l'humeur saturnienne". [La planète qui régit le tempérament mélancolique] "Et c'est l'enfant représenté dans l'attitude traditionnelle du mélancolique qui donne le LA." Elle poursuit: "le menton posé sur sa main, il évoque la pose conventionnelle de la Mélancolie..." (à partir de 51'39")


       Capture d'écran 2024-08-14 154013.png             Eustache Lesueur 1616 1655 c.1640 Réunion d'amis (2).JPG

 

 

Question de l'allégorie close, un examen attentif du tableau de Valentin de Boulogne en compagnie éclairée d'Annick Lemoine nous conduira à découvrir, oserais-je dire dévoiler, la raison de la censure.

L'analyse commence à 47'10". "Ce concert d'un genre nouveau", nous explique la conférencière ,"est une sorte de pêle-mêle étrange et philosophique car l'œuvre est plus complexe qu'il n'y paraît [...] Elle fourmille de détails symboliques porteurs de sens et mélange le répertoire de la taverne et le langage savant de l'allégorie [...]  Premier élément surprenant, incongru, c'est cette table de fortune qui est une sorte de bloc cubique antique... Annick Lemoine reprend ici quasiment mot pour mot son commentaire du Reniement de saint Pierre à 37'45": [...] devant, à nouveau, une table de fortune, un cube antique, orné d'un bas-relief." Commentaire lui aussi répétition littérale de la présentation de La diseuse de bonne aventure à 26'45" : "D'abord le détail, le morceau, de cette espèce de cube antique, un fragment de bas-relief antique [...]" En trois points de sa conférence, et pour trois tableaux différents, madame Lemoine évoque une pierre cubique. La première fois, la pierre n'est que fragment, morceau ; les deuxième et troisième fois, la pierre se fait table de fortune où Valentin de Boulogne a repris deux détails d'une même frise antique (original en terre cuite). Toujours dans le cadre de l'analyse du Concert avec bas-relief, madame Lemoine y revient une quatrième fois (à partir de 54'). Elle prononce trois fois le mot cube (la 3ème fois cubique) : "Dernier détail sur lequel je voudrais qu'on s'arrête, c'est celui du cube antique, de l'évocation de la ruine antique et du bas-relief. D'abord vous voyez que ce cube transformé en table de fortune est parfaitement cubique. Il est le cœur structurant de la composition, son angle saillant [...] "  

Ce que ne dit pas Annick Lemoine, c'est que la pierre cubique est étroitement associée au thème de la mélancolie, et "cette étrange table de fortune" n'a donc rien de "surprenant ou d'incongru"... Voyez ci-dessus la gravure Melancolicus de Virgile Solis où la figure féminine a le coude posé sur une pierre cubique ; revoyez également la gravure Melancholia de Dürer où le grand polyèdre de pierre n'est pas un dodécaèdre comme l'affirmait Jean Richer mais un cube étiré et tronqué. 

Elle n'a pas trouver opportun non plus de nous rappeler que la pierre cubique est un point essentiel de la symbolique franc-maçonne. Si le tableau de Valentin de Boulogne "est un pêle-mêle étrange", il ne saurait être "philosophique" ; s'il est "philosophique", ce n'est en rien "un pêle-mêle", bien au contraire, chaque détail est "signifiant", parle... et si le tableau parle la langue d'une philosophie ésotérique héritée de l'antiquité puis reprise et perpétuée par la franc-maçonnerie, il n'est pas surprenant qu'elle soit peu ou prou cachée aux profanes, dissimulée sous le voile de l'allégorie... quitte à censurer sans état d'âme un commentateur qui aurait découvert le pot aux roses (cf. supra). Du reste, Annick Lemoine elle-même s'auto-censure. En 2017, en prélude à une grande rétrospective Valentin de Boulogne, dans une conférence donnée au musée du Louvre en duo avec Sébastien Allard, elle présente les mêmes œuvres sans prononcer une seule fois le mot "cube" !! Le "public" du Louvre serait-il moins "éclairé" que celui de l'Institut de France ? Ce n'est pas impossible. Quoi qu'il en soit la gravure de 1869 nous montrant l'Institut de France inscrit dans l'ouroboros sur la page de couverture de L'histoire romaine de Tite-Live ne nous dissuadera pas de le penser (source Gallica) :

 

                 Institut de France ds ouroboros 1869 Hist rom Tite Live Trad Dir Nisard Gallica.JPG

 

Vous l'avez sans aucun doute deviné, jamais Annick Lemoine ne prononce le mot "franc-maçon", dans aucune de ses deux conférences. Sur ce point, rigoureusement en accord avec Nicolas Milovanovic...

Revenons une fois encore à la Mélancolie, et plus particulièrement à la gravure d'Albrecht Dürer. Dans un article publié en 1977, "Symboles hermétiques dans l'œuvre de Dürer" (paru dans Hamsa, 1er cahier), Jean Richer affirme que le polyèdre est un dodécaèdre. C'est très déroutant, parce que les différences sauteraient aux yeux d'un enfant de 5 ans. De plus, il existe une esquisse du polyèdre que Jean Richer ne pouvait ignorer et qui atteste au premier regard que le polyèdre est un octaèdre irrégulier. En 2004, peu avant d'entamer des études en histoire de l'art à l'université de Liège, j'ai lu l'essai de Pierre Somville "Cinq études sur Dürer" (Éd. Derouaux, Liège 2004) ; lui aussi, sans exprimer le moindre doute, disserte sur "le dodécaèdre". De mon côté, j'étais arrivé à la conclusion que l'octaèdre irrégulier était un cube tronqué et j'avais fabriqué une petite maquette. J'étais proche de la solution désormais accessible sur internet (un cube étiré et tronqué) et comme Pierre Somville était le recteur de ma faculté et que je connaissais son fils, je lui demandai d'interroger son père sur le sujet pour savoir ce qu'il en pensait. À ma grande surprise, à la fin d'un cours, il m'a fait signe, s'est avancé vers moi, m'a donné une vigoureuse poignée de main et m'a dit sans autre forme de procès : "Pour le polyèdre de la Mélancolie, tu as tout à fait raison." Dans un premier temps, je n'y ai vu que la preuve d'une grande honnêteté intellectuelle. Ce n'est que plus tard, après avoir appris qu'une partie des professeurs de l'université de Liège, dont Pierre Somville, étaient francs-maçons, et après avoir relu ses pages consacrées à la gravure de Dürer, pages grevées d'allusions à la franc-maçonnerie, que j'ai compris que la poignée de main vigoureuse était un signe de reconnaissance dans le but de m'identifier : "Toi, Frère ? oui ? Non !" Depuis, j'ai pu constater et vérifier le goût (l'obsession?) des francs-maçons pour le secret, avec en contrepoint, cette manie de toujours jouer à qui montre cache.

Ainsi, cet arbitraire dodécaèdre, si "obvieusement" incorrect qu'il ne manque pas de retenir l'attention mais surtout ne parlez pas de "cube" ; ou cet autoportrait du peintre avec pinceau à la main alors qu'il ne tient pas un pinceau mais un album de dessin (cf. supra), ou ce titre Réunion d'amis, titre tardif donné au magnifique tableau de Lesueur, qui ne doit surtout pas vous rappeler les nombreuses Loges de l'Amitié ou Loges des Amis Réunis ; ou encore cette Énigme qui n’en est pas une, dans le cadre d'une exposition au titre significatif : Soleils noirs, parmi lesquels sans aucun doute celui de Gérard de Nerval, le soleil noir de la mélancolie.

 

Conclusion en une phrase 

 

De même que Jean Richer, professeur à l'université Sophia Antipolis de Nice et Pierre Somville, recteur de la faculté des lettres à l'université de Liège savaient parfaitement que le polyèdre de la gravure de Dürer n'était pas un dodécaèdre, Nicolas Milovanovic, conservateur en chef du patrimoine au département des Peintures du musée du Louvre et le réalisateur de la chaîne YouTube "Scribe Accroupi" savaient parfaitement que les figures centrales des deux tableaux français, Le concert au bas-relief de Valentin de Boulogne et Les amis réunis d'Eustache Lesueur étaient allégories de la mélancolie ; leur appartenance à la franc-maçonnerie et l'obligation de tenir le secret sur tout ce qui s'entend, se dit ou se pratique au cours des tenues de loge sont les raisons de l'affirmation fallacieuse et du mensonge par omission.

Capture d'écran 2024-08-19 104030.png

 

Oh!! Quelle étrange coïncidence ! 7 membres... exactement le nombre de figures dans nos deux tableaux...

 

Postscriptum 

Le cercle se referme : le serpent se mord la queue.

Réécoutons, Nicolas Milovanovic, au début de son commentaire du Concert au bas-relief (lien cf. supra de 15'20"" à 15'36")

"Peindre des scènes du quotidien [...] de la Rome de cette époque [...] cité grouillante [...] cité des courtisanes, cité des tavernes [...] vous avez une ambiance où domine le vin, évidemment, le dieu qui préside à tout çà, c'est Bacchus [Dionysos] dieu du vin [..."

Comparons avec ce qu'écrit Pierre Somville dans son étude de la Melancholia de Dürer (op. cit. chapitre 4 La mélancolie, encore p53)

En un anachronisme qu'il assure assumé, l'auteur cite la dernière strophe du Desdichado, le célèbre poème de Gérard de Nerval (auquel soit dit en passant Jean Richer a consacré plusieurs ouvrages) et le commente : "Le mouvement de va-et-vient, cyclique, est une composante trop souvent oubliée du thème qui nous occupe [La mélancolie]. Nuit et illumination, mort et résurrection, transmutation érotique et mystique, nous y sont dites, et chantées, pour nous rappeler avec force [...] ces mélancoliques [...] que le vin, l'amour et la musique pouvaient tirer de leurs abîmes et projeter vers les plus haut sommets de l'enthousiasme. Nerval nous parle d'Orphée, mais toujours en pareil cas, Dionysos n'est pas loin."

Faut-il entendre que se perpétue aujourd'hui encore en certaines loges, une forme d'initiation aux mystères dionysiaques, une espèce d'orgie rituelle aux sons du sistre et des tambourins ? La récente et controversée cérémonie d'ouverture des jeux olympiques 2024 à Paris me porte à croire l'hypothèse plausible. Souvenez-vous du Dionysos, nu, à la peau bleue, alors que la couleur emblématique du dieu est le rouge, couleur du vin, du feu qu'allume l'ivresse. Encore et toujours le même procédé maçonnique, le même pas de côté, la même "erreur" volontaire qui pointe, désigne, provoque l'attention.

 

Tout cela est risible, me direz-vous, secrets de polichinelle, puérilités. Oui, et non. Il y a rétention d'informations, mensonges, censures arbitraires, mépris, manipulation. En dépit de la bonne foi que j'accorderais volontiers à la plupart des francs-maçons, un système organisé sur le secret, plus exactement sur le mensonge et la dissimulation, exerce des effets pervers sur l'ensemble de la société. D'autant plus pervers que mensonge et dissimulation sont aussi les fondements de l'organisation intérieure des loges : de même que le profane est tenu dans l'ignorance des activités et des buts des loges, les grades inférieurs ignorent tout des activités et des buts des grades supérieurs.

 

Chers amis et "frères" francs-maçons, quelqu'un a dit :"Ne jetez pas de perles aux pourceaux." Si vous en avez déduit que cela vous donnait le droit de les gaver de glands en plastique, vous vous mettez le doigt dans l'œil...

 

 

Roland Dormans

19 août 2024

 

Le sonnet El Desdichado de Gérard de Nerval

 

 

Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé,
Le prince d’Aquitaine à la tour abolie :
Ma seule étoile est morte, – et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

 

Dans la nuit du tombeau, toi qui m’as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d’Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon cœur désolé,
Et la treille où le pampre à la rose s’allie.

 

Suis-je Amour ou Phébus ?… Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la Reine ;
J’ai rêvé dans la grotte où nage la Syrène…

 

Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée
Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.

 

 

Envoi

 

Message du dernier

Des derniers

À tous les premiers :

Pas très franc,

Le maçon,

Pas très droit,

Plus.

À rectiφer,

Pour le moins.

Illico

Presto.

 

 


Encore quelques mots : 

Une source franc-maçonne ne laisse plus aucun doute

 

Vous l'avez lu plus haut : tant Annick Lemoine que Nicolas Milovanovic nous présentent sans sourciller le Concert de Valentin de Boulogne comme une scène de taverne, un mot loin d'être neutre à bonne oreille franc-maçonne qui ne manquera pas de se souvenir que "les premières Loges anglaises tenaient leurs réunions dans des tavernes, dont elles prenaient le nom. C'est ainsi que les quatre Loges créatrices de la Grande Loge anglaise portaient toutes des noms de cabaret : L'oie et le Grill, La Couronne, La Taverne du Pommier, La Taverne de la Coupe, et La Grappe de Raisins. (p261, à l'entrée Loge du Dictionnaire Illustré de la Franc-Maçonnerie, J-B, Éditions du Lodi, 2004). 

La Taverne de la Coupe et la Grappe de Raisins n'évoquent-elles pas  irrésistiblement le dieu Bacchus-Dionysos ? Et que lit-on à la page 242 du même dictionnaire, à l'entrée Initiation ?  "Les Mystères Grecs, c'est-à-dire les initiations, consistaient à faire revivre la naissance, la mort puis la renaissance de Dionysos par des rituels symboliques, à des profanes qui faisaient serment de taire les secrets qu'ils allaient découvrir."

La messe est dite. Eu égard aux postes élevés occupés dans la capitale française par madame Lemoine et monsieur Milovanovic, nous avons affaire à une franc-maçonnerie républicaine, très proche du pouvoir. Devrais-je dire : "Au pouvoir." ?

Le narratif de la cérémonie des récents jeux olympiques et son Dionysos bleu proviennent de la même source, très probablement la loge du Grand Orient de France. Le très sérieux Dictionnaire déjà cité précise à l'entrée Devise, p184 : "Actuellement, Liberté, Égalité, Fraternité est la devise la plus utilisée, notamment au Grand Orient de France.

À l'entrée Égalité, nous lisons : " L'un des trois grands idéaux de la Franc-Maçonnerie, avec la Liberté et la Fraternité. L'un des premiers buts de la Franc-Maçonnerie fut que le prince et le sujet, le gentilhomme et l'artisan, le riche et le pauvre se confondent dans une même Loge [...] Parmi les outils symboliques de la Franc-Maçonnerie, le niveau est celui qui permet d'obtenir l'Égalité. Égalité qui doit régner entre tous les frères d'une part, et entre tous les hommes d'autre part."

Deux égalités donc ? J'entends bien ??? Voilà qui explique la censure d'un commentaire réfléchi, qui n'exposait que faits avérés, irréfutables, vrais. 

Notez l'oxymorique "doit régner"... 


 

Roland Dormans

2 septembre 2024

                                                                              



20/08/2024
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