"Un été avec Monika"
Ingmar Bergman, Suède, 1952, V.O., 1H35, avec Harriet Anderson, Lars Eklorg.
Film aigu, fébrile, nerveux, joué Allegro agitato. Stockholm en équilibre instable entre terre et mer, encrépusculée de lumière, les rues innervées d’impatiences croisées. Un chien étique traverse, la queue basse. Méticuleux, un enfant bourru s’ingénie à exploser des pétards au nez des poivrots. C’est la rue, les marelles, les caboulots. Il y a des machines, des cris, des rires, de la fumée et le sourire égrillards des vieillards quand passe Monika, bouche entrouverte, odeurs de clopes et de chewing-gum, avec le geste compulsif des deux mains qui tire sur la jupe pour mieux juger le calibre de son cul. « Tu as du feu ? » Et c’est dans la poche : un couple, un été. La vague avide et lente lèche obstinée une roche blonde à la peau indolente. Tendre violence. Face à la mer assidue, l’insolence danse, nue, jeune magma de rêves, brûlant d’incohérences libertaires et de désirs conformes. « Oisive jeunesse, à tout asservie. » Corps violentés, amours déchirées, maternité indésirée et solitude, solitude, solitude… Hurlement de chatte écervelée : « Je ne veux rien faire, jamais. Tu m’entends ? Je ne veux jamais rien faire ! » Position fœtale. Les cœurs se sont dépris. Retour en ville, lit vendu, automne utile. Dans le miroir, l’amant délaissé, le bébé sur les bras, vieux déjà. Il se détourne. Trois petits vieux, insignifiants, ivres, sortent d’un café et s’effacent, titubant. Image inversée…
Dormans Roland
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