Pour en finir avec l'académisme
Dormans Roland
Pour en finir avec l’académisme, je cède volontiers la parole à Fernando Pessoa. Le court poème Marinetti académicien est signé Álvaro de Campos, le plus futuriste et le plus cynique des hétéronymes inventés par le poète portugais.
Parenthèse : j’aurais aimé m’appeler « Pessoa » pour avoir le plaisir de répondre aux cyclopes aveuglés de l’existence : « Mon nom est personne. »
Marinetti académicien
C’est là qu’ils finissent tous, c’est là qu’ils finissent.
Un de ces jours, sauf accident, c’est là que je finirai moi aussi…
Car finalement, ils naissent tous pour finir là un jour où l’autre…
Je n’ai pas d’autre solution que de mourir avant,
Je n’ai pas d’autre issue que de franchir le Grand Mur…
Si je reste là, ils me contraindront à devenir sociable…
C’est là qu’ils finissent tous, car ils sont tous nés pour Cela,
Et l’on n’aboutit qu’à Cela, à quoi l’on est prédestiné…
C’est là qu’ils finissent tous…
Marinetti, académicien…
Les Muses se sont vengées avec leurs projecteurs, mon vieux,
Elles t’ont mis à la fin sur la rampe de la vieille cave,
Avec ta dynamique, toujours un peu italienne, f-f-f-f-f-f-f…
Álvaro de Campos
Traduit par Michel Chandeigne et Pierre Léglise-Costa, Volume IV des Œuvres de Fernando Pessoa, p.162, Christian Bourgeois éditeur, 1998.
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