Dards d\'Arts

Roland Dormans

Belgique wallonne, novembre 2021, travail de fin d’humanités proposé à A, une jeune fille de 17 ans :

Selon le point de vue féministe, faudrait-il bannir des musées toutes les peintures de nus féminins ?

B, une amie féministe de la mère de A, me demande d’aider A. J’accepte dans un premier temps. Je détiens un master en histoire de l’art (Liège, 2011). Puis je réalise. Ce n’est pas acceptable. Et je lui tiens à peu près ce langage[1]:

Bonjour B.

J'ai réfléchi.

Selon le point de vue du mâle blanc de plus de 50 ans, national et socialiste, le sujet sous forme de question donné en guise de travail de fin de cycle à A est un outrage à la beauté féminine et une injure à tous nos génies du pinceau. Inadmissible. Ne faudrait-il pas requérir la peine de mort pour les propagateurs de cette idéologie mortifère ? Non, nous n’en sommes pas là. Des camps de rééducation seraient sans doute plus appropriés. Ce n’est pas à l’ordre du jour, pas encore, mais tu l’as bien compris : je n’aiderai pas A.

Pas même si elle me proposait de payer. Significatif du reste, que cela ne te soit même pas venu à l'esprit, de payer. Franchement, un homme digne de ce nom travaillerait, qui plus est gratuitement, à sa propre castration ?

Néanmoins, dans un esprit de conciliation et par pure bonté d’âme, j’ai conçu un contre-sujet, dans le style fugato, en mode rétrograde inversé, plus approprié, à mon humble avis, à l’éducation de notre belle jeunesse et je suis certain que tu ne manqueras pas de le proposer au professeur de A, car je sais que tu as toujours eu à cœur de défendre la force virile et la joyeuse noblesse de la civilisation helléno-chrétienne :

Tu n’es ni assez jolie pour attirer le regard d'un artiste-peintre, ni assez cultivée et intelligente pour embrasser la noble carrière de courtisane, accepterais-tu, comme tout récemment et avec bonheur notre jeune et avenante collègue M, d’épouser un vigoureux « macho » qui te fermerait amoureusement le clapet et te remettrait gentiment à ta place, aux fourneaux, le ventre rond chaque année d'un bel enfant blond aux yeux bleus ? Penses-tu que ces épousailles seraient plus épanouissantes que le travail à l'usine ou même qu’un travail de journaliste, à vrai dire de pute, à la RTBF[2], voire que le même vieux métier, mais à la chaîne, dans un quartier d'immigrés africains, sous la coupe d'un mac juif ou albanais ?

Ne serait-ce pas un sujet épatant pour un travail de fin d’humanité(s) ?

Force et honneur, camarade,

R.