Le voyageur du temps
Elle :"Sollers ? Un vaniteux, un solitaire, non ?"
Moi :"Pas du tout. Seul, intense, léger, solaire…"
Elle :"Vraiment ? N’affirme-t-il pas avoir défait, au cours d’une de ses prétendues saisons en enfer, l’esprit qui toujours nie, Satan en personne ?"
Moi :"Pas la moindre prétention : la tension juste plutôt, vive, synesthésique, au corps des mots, au cœur de la cible. Quant au diable, c’est que voyez-vous, il n’est guère musicien… Quoiqu’il en soit, le trophée prouve…"
Elle :"Vous voulez rire. Une peau, une bête peau, pas même de bête, un artefact, une vulgaire contrefaçon ! Ne me dites pas que vous croyez à ces billevesées."
Moi :"Sachez, chère Madame, que ce cuir n’a rien de la tunique de Nessus ; retournée, cette peau parcheminée est idéale pour la voile, plus fine qu’un vélin, parfaite pour la navigation aux étoiles ; en guise de mât, le bâton du pèlerin et les voyageurs du temps s’envoilent vers le soleil et les étoiles."
Elle :"Quelle naïveté ! Dans le vide… Et quel vent les pousse, s’il vous plaît ?"
Moi :"L’Esprit, chère Madame. Pas celui qui nie, celui qui souffle où il veut. Et là où il a été, il est et il sera."
Elle :"Bref : nulle part !"
Moi :"Précisément, nulle part et à jamais, sain et sauf. Plus même... Depuis toujours et partout, salutaire."
Dormans Roland
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