"Tapu'at "
TAPU’AT
Dissertation critique en forme de diptyque
sur la conception académique de la question démographique
durant la période protohistorique
Dormans Roland
« Ce qui importe est que nous soyons des gardiens et des veilleurs, veillant à ce que le message silencieux de la parole concernant l’être l’emporte sur l’appel bruyant du principium rationis en tant que principe de toute représentation. »[1]
« Unfortunately, empirical data on the demography of prehistoric people are regrettably scant … »[2]
Scant, insuffisante, c’est en un mot la conclusion de la volumineuse étude Prehistoric Demography. Après une introduction ronflante qui propose au lecteur un ambitieux programme en 6 points, suivi par une liste interminable de plus de 50 références bibliographiques, la montagne a accouché d’une souris : constat d’impuissance.
Ne relevons au passage que le troisième point : Interpretation of the mechanism of demographic events, such as the population increase accompanying the transition to agriculture. Cet intitulé trahit une métaphore constamment utilisée dans le domaine des sciences sociales et des sciences du vivant, à savoir l’analogie du vivant et de la machine qui se traduit ici par l’utilisation du mot mechanism et par l’expression demographic events qui veut considérer les êtres humains comme les atomes inanimés d’un système entièrement soumis aux lois stochastiques.
Sans s’attarder trop longtemps dans le ventre mou de cet ouvrage qui pourrait s’avérer creux, deux détails signifiants retiennent l’attention : une désopilante tentative d’estimer, en km par an, la distance moyenne de déplacement d’une population donnée, ce qui nous vaut l’ineffable contemplation d’un beau graphique et d’une formule mathématique imparable, avec en bout de course, des chiffres bien sûr, 3 km par an ou 6 km par an, soit un niveau d’imprécision tout à fait remarquable ; et en second lieu, le commentaire de la figure 12.2. qui vaut absolument le détour : Distribution of migration, assuming that migration is random in direction, in two dimension, X and Y ; le mot est lâché, hasard, l’incontournable deus ex machina de la science moderne vient de faire son entrée avec pour résultat la ligne O-P, censée matérialiser le chemin migratoire et qui ressemble à s’y méprendre à une corde à jouer abandonnée par un enfant sur le sol d’une plaine de jeu. Mais peut-être s’agit-il vraiment d’un jeu, après tout ! Choisissons… au hasard, le titre d’un paragraphe The Origins of Civilization: Toward an Explanatory Model. Sans se montrer mauvais joueur et arguer d’entrée de jeu que la première partie du titre aurait peut-être pu s’inverser pour devenir The Civilizations of the Origin, attardons-nous quelques instants sur la seconde partie du titre, vers un modèle explicatif. Voilà qui laisse les coudées franches à une armée de thésards en mal d’ascension sociale et me donne l’occasion inespérée d’intégrer un beau graphique, sous la forme d’une élégante ligne asymptotique, matérialisant la quête infiniment désintéressée de modèle explicatif qui motive si intensément nombre de cervelles universitaires, et symbolisant le nombre astronomique de futures thèses de doctorat prêtes à suivre docilement leurs consœurs sur les étagères poussiéreuses des dépôts d’archives de toutes les universités du monde dit civilisé.
Mais trêve de plaisanterie. Si archéologie et démographie font mauvais ménage par manque de données empiriques, qu’en est-il des travaux démographiques qui concernent l’époque contemporaine ? Prêt à tout pour comprendre, j’engageai aussitôt mes maigres deniers sur ce cheval qui n’était hélas qu’un canasson et j’en vins presque à regretter de n’avoir pas joué ces 30 € à la tristement célèbre loterie Euromillion. Jugez plutôt : c’est un matin d’hiver froid et gris, je traverse la place Cockerill, le cerveau ingénu, avide d’apprendre et j’entre franchement dans la librairie universitaire pour commander le tout récent essai d’Hervé Le Bras, gaillardement intitulé La démographie ; quinze jours plus tard, je me retrouve avec un pavé de 450 pages sur les bras, imbibé de mathématiques et de formules savantes, et tout à fait… illisible. La plume appliquée et cérébrale de l’auteur a au moins le mérite de conclure honnêtement en ces termes : « […] Il serait faux d’en déduire que la démographie est une science aussi objective que la physique ou l’astronomie, […] Il en résulte une grande incertitude causée par la labilité des regroupements opérés et désignés comme population. […] La démographie est en réalité soumise au dilemme fondamental des sciences sociales : comment emplir l’espace entre le langage et la formalisation mathématique, entre le sème et le mathème pour mimer une expression d’Alain Badiou situant la philosophie dans une perspective similaire. »[3] Candidement l’auteur vient peut-être de nous livrer un des véritables ressorts de son entreprise laborieuse : mimétisme social et ce n’est pas sans rappeler Molière qui concluait une savante tirade par le célèbre : « Voilà pourquoi votre fille est muette. » Bref, malgré tout le respect qui lui est dû et en dépit des innombrables données chiffrées recueillies en ce XXe siècle obsédé de recensements et de comptages de toutes sortes, Monsieur le professeur n’a pas l’air d’en savoir beaucoup plus que le commun des mortels.
« […] en étalant ainsi des chiffres et des calculs, on se donne à soi-même, tout autant qu’on vise à donner aux autres, une certaine illusion d’exactitude qu’on pourrait qualifier de pseudo-mathématique ; mais en fait, sans même s’en apercevoir et en vertu d’idées préconçues, on tire indifféremment de ces chiffres à peu près tout ce que l’on veut, tellement ils sont dépourvus de signification par eux-mêmes. »[4]
En écrivant ce mot, mortels, je compris soudain que si j’avais l’insigne privilège et la liberté de discourir impunément sur la démographie, c’était précisément parce que j’en étais un ; et si j’étais un mortel, c’est que j’étais issu, par reproduction sexuée, sinon d’Adam et Eve, du moins d’un couple à peu près semblable à ces ancêtres mythiques, soit un homme et une femme. Quelle incidence la reproduction sexuée pouvait-elle avoir eu sur la démographie aux temps préhistoriques et que pourrait nous apprendre la biologie évolutionniste à ce sujet, me dis-je innocemment ? Le hasard fit bien les choses : une Eve biologiste, sortant tout droit de la côte de Darwin, venait de pondre un article pointu. Je vous en livre dare dare quelques morceaux choisis. (Homo prehistoricus partageait la nourriture, homo universitaris est en devoir de partager le savoir.) « Qu’en est-il de l’orgasme féminin ? En 1979, D. Symons défend l’idée que l’orgasme a une fonction pour les mammifères mâles, puisque les contractions orgasmiques favorisent l’émission du sperme. Chez les mammifères femelles, le réflexe orgasmique est selon lui un sous-produit des contraintes de développement, en ce sens qu’il n’est maintenu qu’en vertu de l’homologie de structure du système urogénital des deux sexes. Un argument supplémentaire en faveur de cette théorie consiste à opposer à la stabilité du réflexe masculin, le caractère interculturellement variable du réflexe orgasmique chez la femme. D’autres arguments historiques ont redoré le blason de l’hypothèse contraire. En 1993, R. Baker et M. Bellis avancent que l’orgasme féminin a la fonction de maintenir ou non les inséminations dans l’appareil reproductif ; ce réflexe agirait donc comme un mécanisme de contrôle spermatique (c’est moi qui souligne, notez une fois encore le mot mécanisme) dans le cadre de la compétition entre plusieurs mâles. Certains chercheurs ont suggéré que l’orgasme féminin aurait été sélectionné parce qu’il permet de détecter les mâles dominants, ou encore qu’il favorise l’attachement. Autant d’étapes vers une théorie propensionniste de la fonction de l’orgasme féminin ? […] La réflexion sur le concept de fonction fait entrevoir un sens de la contingence qui, non intrinsèquement historique, tient avant tout aux caractéristiques probabilistes du couplage entre systèmes dynamiques complexes. Adopter le point de vue propensionniste sur la contingence permet de comprendre que les contraintes de développement qui ont été historiquement contingentes peuvent devenir des nécessités fonctionnelles – ou, comme Stephen Jay Gould les appelle, des « accidents congelés »-, qui persévéreront dans tous les contextes possibles où l’organisme sera capable de survivre. La biologie de l’évolution finit donc par inclure le hasard dans la fonction, […] »[5] Emporté par ce discours érotico-rationalo-évolutionniste et par la photo de l’auteur en bas de page, j’en déduisis aussitôt que le dieu hasard ayant pénétré la déesse fonction, celle-ci avait engendré le réflexe orgasmique ; c’était un accident évidemment, c’est toujours ce que l’on dit dans ce cas, et s’il était congelé, c’était sans l’ombre d’un doute que cela s’était passé au plus profond de l’âge glaciaire, en des temps obscurs et frisquets. Je tenais le scoop du siècle : le dieu hasard se les gelait et la déesse fonction les lui avait réchauffées. Avant ce big bang orgasmique, c’était le trou noir, la Science, à l’instar de la pauvre fille dans la pièce de Molière, était muette et personne n’était en mesure de dire pourquoi… En réalité, j’étais consterné, atterré : en plus d’un constat d’accident, j’étais contraint, en dépit d’un discours assez hard, de faire état d’un triple aveu d’impuissance. Je ne pouvais pourtant pas rendre une feuille vierge à mon professeur de Préhistoire. J’étais déçu aussi, par la Science ; et je l’avoue : j’étais à deux doigts d’être déçu par les femmes et j’étais tout disposé à chanter avec Gainsbourg : Sois belle et tais-toi ! En plus, le texte qui naissait sous mes doigts, non content d’user du « nous » majestatif de convention, était franchement passé au « je », suffisant et égocentrique, et prenait carrément l’allure d’une critique pernicieuse et même perverse de l’institution académique et de ses représentants sans préjuger du sexe de ceux-ci. Désespéré, je piétinais autour de mon P.C., convaincu que j’allais compromettre définitivement une brillante carrière universitaire. Machinalement, presque mécaniquement, je me mis à griffonner un poème…
Ils écrivent des poèmes
A la mémoire des grands poètes disparus
Avec des dates et de belles signatures
C’est ainsi qu’ils prennent pieds
Après quelques pâtés
Et quelques ratures
Dans l’histoire de la littérature
Moi j’ai perdu la mémoire
Mémorable fracture
Je n’ai rien à vous donner en pâture
Ni dates ni poètes ni signatures
Si j’ai entrepris de tracer cette épure
C’est à la mémoire
De ma mémoire disparue
J’étais chez le boucher dans ma rue
J’avais acheté du pâté
Et de la hure
Et c’est sur la facture
Que j’ai commis cette bavure
Vanité pure[6]
« N’agis point comme ceux qui ne sachant comment exprimer une chose à l’aide du vocabulaire approprié, recourent à des circonlocutions, avec grande prolixité et confusion. »[7]
Le dieu hasard vint me tirer une fois de plus de ce mauvais pas. Alors que je tournais en rond comme un tigre en cage, je trébuchai sur un des innombrables bouquins qui encombrent le sol de ma chambre. C’était le dictionnaire étymologique. Fébrile, je cherchai l’article concernant la démographie : demo-, démagogue, démagogie, démagogique, dème, démiurge, démocratie, démocrate, démocratique, démocratiser, antidémocratique… J’en restai bouche bée : le mot « démographie » ne s’y trouvait pas. Ce fut une révélation, une illumination : ce qui n’est pas dans le dictionnaire est-il en mesure d'être admis à l'existence? Bref, j’abandonnai sur-le-champ « chercheurs » et « chercheuses » du monde entier à leurs gloses obscures et à leurs formules amphigouriques. Soulagé, je levai les yeux au ciel, en respirant profondément. J’eus la vision d’une petite statuette de pierre qui me saluait de la main gauche et au-dessus de sa tête, en lettres de feu, je lis : HOPI. « Youpiie », m’écriai-je, terrassé par l’émotion et ma tête retomba lourdement sur le clavier de mon ordinateur. Je restai inanimé durant de longues heures.
« L’humour gouverne bien le monde. »
Proverbe dahoméen, Afrique occidendale.[8]
« Le clan est comme le bosquet. »[9]
Proverbe fante, Ghana.
Vus de loin, tous les arbres se ressemblent.
Vu de près, chacun se dresse individuellement.
La Chanson de l’Emergence
We We Lo Lo
We We Lo Lo
Ah yum tu wa
La fille du Maïs Bleu
Na sa vu eh
Arrive au centre de l’Univers
Sa qua ma na
Elle pousse, elle pousse et elle mûrit
Nah tuk se na
Quelle merveille
Chanson Hopi.
Je rêvais et j’étais conscient de rêver… Le soleil était sur l’horizon. Je marchais sur un replat rocheux dominant une vaste plaine aride. Vêtu d’un simple pagne, une couverture de laine jetée sur l’épaule, un homme s’avançait d’un pas lent dans ma direction. Lorsqu’il fut à ma hauteur, il m’adressa la parole dans sa langue. Je le comprenais et je lui parlais dans la même langue. « Qöchata, haliksà’i », ce qui signifie : « Homme blanc, écoute ! C’est ainsi qu’il en est. » Ses yeux exprimaient une méfiance farouche, sa bouche trahissait une obstination inébranlable et cependant, son visage dégageait un sentiment de chaleur et de profonde humanité. Surpris et un peu effrayé, je lui dis : « Hakomi ? – Qui êtes-vous ? » –– « Pinù’u. – Je suis moi. » Et au moment même où il me donnait cette réponse lapidaire, j’entendis plusieurs mots sonner dans ma tête : « Huiksi, kasknuna, Hania, kakwanga, pàvati, Lavaihoya. – Souffle de vie, chaleur, Esprit-Guerrier, amertume, eau claire, Oiseau-parleur. » Puis il me dit : « Kopavi-tùawta. » Ce qui signifiait qu’il était venu à moi par la Porte Ouverte, située sur le haut du crâne, sous la forme d’une vision magique. « Tùtuskya, tutùventingwu. » Il murmura ces mots en me montrant les pierres qui formaient un cercle ouvert vers le sanctuaire de l’Est et les symboles du clan gravés sur le rocher, puis il dit : « Tuwksi, le cycle complet de la Vie. » Je fermai les yeux et il commença un long récit. Parfois il chantait, parfois il dansait. Son histoire commençait par la Création des quatre Mondes : Tukpela, l’Espace sans Fin, Tokpa, Minuit Noir, Kuskurza, le monde aujourd’hui submergé et Tùwaqachi, le Monde terminé, le monde actuel. Dans ce quatrième monde, les hommes se sont détournés de leurs centres vibratoires supérieurs et la porte sur le haut du crâne s’est refermée pour la plupart d’entre eux… Il parlait lentement, d’une voix douce et rocailleuse, grave et tendre qui donnait à son récit un caractère poignant et une grande force de suggestion. Soudain, il prononça d’une voix forte : « Tàpu’at– Mère-et-Enfant. » J’ouvris les yeux et je vis que nous étions dans une vaste salle souterraine. Une échelle donnait sur une ouverture circulaire qui laissait entrer la lumière du jour et je vis que la base de l’échelle était plantée au centre d’un dessin tracé avec un bâton sur le sable. « Tàpu’at » dit-il encore, « le symbole de l’Emergence. » La figure tracée sur le sol ressemblait point par point au labyrinthe du roi Minos tel qu’il est représenté sur d’antiques pièces de monnaies découvertes à Knossos en Crète… Plongé dans la contemplation de cette ligne tracée sur le sable, je voyais le passé et le futur. Je vis des hommes sur de grands radeaux, émergeant du troisième monde. Ils venaient de l’Ouest et passaient d’île en île pour aborder enfin le continent américain. Je vis les hommes du quatrième monde gravir l’échelle, passer par l’ouverture circulaire pour émerger dans le cinquième monde et reprendre leur Route de Vie vers l’Infini. Taitoinaka, leur plexus solaire rayonnait comme Taiowa, le Soleil-Dieu Créateur. La voix rocailleuse et envoûtante reprit son récit. Après l’émergence du quatrième monde, les hommes apprirent qu’ils ne pourraient pas simplement errer au hasard jusqu’au jour où ils découvriraient un endroit agréable où s’établir. Le gardien spirituel, Màsaw, leur enseigna comment accomplir leurs migrations, comment reconnaître le lieu où ils se fixeraient définitivement et comment y vivre en paix. Màsaw grava ses instructions précises sur quatre tablettes sacrées en pierre noire. Chaque clan devait accomplir quatre migrations dans les quatre directions. Ils devaient marcher jusqu’aux extrémités de la terre, là où la terre rencontre la mer. Lorsqu’ils atteignaient ce pàsos, ils devaient tourner à droite ou à gauche, soit dans le sens de la rotation de la terre, soit dans le sens du soleil. La route qu’ils suivaient traçait sur le continent un grand svastika. Le centre de cette croix est le centre spirituel du quatrième monde, son nom est Tuwanasavi, Centre de l’Univers. Beaucoup de clans se sont égarés, d’autres ont édifié de merveilleuses cités de pierre sous les tropiques, là où la vie est facile. Aujourd’hui, ces cités tombent en ruine et leurs habitants ont disparu de la surface de la terre. D’autres n’ont pas achevé leurs quatre migrations et ont perdu tous leurs pouvoirs. Quelques clans seulement ont fait toute la route. Ils ont toujours gardé Kopavi-tùawta, la Vision magique et la Porte Ouverte sur le haut du crâne.
Qui sont ces hommes? A quels clans appartiennent-ils ? Cette question me brûlait les lèvres mais le conteur s’était retiré dans l’ombre de la vaste salle souterraine et comme j’ignorais son nom, je n’osais plus lui parler. « Appelle-moi Kwahu–Aigle. » Sa voix venait du fond de la Kiva et mes yeux habitués à l’obscurité, avaient aperçu un groupe d’hommes assis sur le sol à ses côtés. Ils ne portaient qu’un pagne et une vieille couverture de laine posée sur l’épaule. Leurs clans, je le savais, avaient achevé le cycle des quatre migrations. « Ces hommes sont mes frères, ils sont les Gardiens du Peuple » dit-il, « Hopi est le nom de mon peuple. Il signifie Sans reproche ou le Peuple de la Paix. Je suis du clan d’Oraibi. Le signe en double spirale que tu as vu sur les rochers est le signe de mon clan. Il symbolise notre migration. Les quatre cercles de la spirale de gauche indiquent quatre pàsos touchés à l’aller, la seconde spirale en indique trois au retour. »[10]
Chaque homme, d’une voix forte, me dit son nom et le nom de son clan. Tawakwaptiwa, Soleil dans le Ciel, du clan de l’Ours, chef du village d’Oraibi,Tu wahoywma,Terre des Animaux, du clan de l'Ours, Qöchhongva, Nuage Blanc Au dessus de l’Horizon, du clan du Soleil, Polipko’ima, Mâle poursuivi par la Vierge Papillon, du clan du Soleil, Silena, L’endroit dans les Fleurs où il y a le Pollen, du clan du Soleil, Sakwaitiwa, Animaux gambadant sur le Vert Pâturage, du clan de l’Ours. Puis la vision disparut. J’entendis le son d’une flûte de roseau et la voix de Tuvengyamsi, Terre Belle Couverte de Fleurs, qui chantait : « Lomàhongva… Titaptawi — les merveilleux nuages montent dans le ciel… chant du bonheur… » Ensuite des jeunes filles entonnèrent la chanson de l’Emergence : « We We Lo Lo. La fille du Maïs Bleu arrive au centre de l’Univers. Elle pousse, Elle pousse et elle mûrit. Quelle merveille ! » Je ne voyais plus rien, le chant devenait peu à peu inaudible…[11]
Je m’éveillais lentement. Ma tête reposait toujours sur le clavier de l’ordinateur. Ma joue gauche ressemblait à une gaufre de Bruxelles. La droite n’avait en rien souffert de l’aventure.
Dem(o)- se rattache à une racine « da » partager…
Complément bibliographique
Je ne reprends pas ici les ouvrages cités en notes de bas de page. Il est cependant important de signaler d’autres ouvrages consultés. Pour l’anecdote, j’ai vraiment fait un rêve, où une voix me conseillait de lire certains des ouvrages suivants afin de compléter mes informations pour ce travail :
MCLUHAN, T.C., L’Esprit de la Terre, Editions du Rocher, 1998, pour la traduction française.
NARBY, Jeremy, Le serpent cosmique, l’A.D.N. et les origines du savoir, Georg Editeur SA, 1995.
CURTIS, Edward, S., Les Indiens d’Amérique du Nord, Les Portfolios complets, Taschen, 1997.
C’est de cet ouvrage qu’est extraite la photo d'un indien Hopi : vol. XII, p. 489.
PICOCHE, Jacqueline, Dictionnaire étymologique du français, Dicorobert Inc., Montréal, Canada, 1992
Ce qui compte, ce n’est pas tant de mesurer l’objet dans ses apparences dénombrables,
mais de venir au Nombre,
d’entendre,
de voir l’Essence
dont l’objet est l’incarnation mesurée,
insaisissable,
mais agissante.
DORMANS, Roland.
[1] HEIDEGGER, Martin, Le principe de raison, trad. A. Préau.
[2] HASSAN, Prehistoric Demography, 1973.
[3] LE BRAS, Hervé, La démographie, Odile Jacob, mars 2005, pp 422-423.
[4] GUENON, René, Le Règne de la quantité, Gallimard, 1945, chap. X, L’illusion des statistiques, pp. 75-76.
[5] PROUST, Joëlle, La biologie […] travaille à l’élaboration de modèles théoriques de dynamiques d’évolution, article paru dans la revue Sciences et Avenir, hors série, n° 146, mars / avril 2006. P.S. S’appeler Proust et écrire de cette façon, ça ne s’invente pas… Merci, Joëlle, pour ce sens inné au sens propre comme au sens figuré du comique.
[6] DORMANS, Roland, Poèmes immémoriaux, sans date, inédit.
[7] DA VINCI Leonardo Codice Atlantico, 206 v.a.
[8] HERKOVITS, Dahomean narrative, page d’introduction.
[9] GYEKYE, Kwame, The Unexamined Life, Accra, Ghana Universities Press, 1988, pp.31-32.
[10] Associée aux migrations du clan, la signification précise donnée au signe en double spirale, qui désigne le clan lui-même, peut suggérer de nombreux rapprochements avec la période protohistorique où ce signe prolifère tout autant que dans la culture du peuple Hopi. Pour ne citer qu’un exemple, rappelons-nous les fibules en double spirale, faites d’un seul fil de bronze trouvées en Grèce et datées du dixième siècle avant J.C. Mais ceci déborderait largement du cadre de cet opuscule.
[11] Toutes les informations touchant au peuple Hopi y compris le vocabulaire Hopi, langue Shoshone de la famille uto-aztèque ainsi que les reproductions du symbole de l'émergence sous forme carrée ou ronde et de la spirale du clan Oraibi sont extraites de : WATERS, Franck, Le livre du Hopi, Payot, 1977.
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